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Prendre le rythme de la nature

09/05/2024

Écrit par Jean-Étienne Poirier, anthropologue/acériculteur et producteur de contenus

Olivier et Antoine, les propriétaires de la Souche, ont maintenant quelques saisons de production à leur actif avec leurs installations acéricoles qui jouxtent la microbrasserie. J’ai pris le temps ce printemps d’aller les visiter pendant que ça bouillait à la petite sucrerie, question de faire le point et de voir quelle place leur cabane à sucre s’est faite dans l’univers brassicole de la Souche.

Le projet initial a été fondé sur la passion : le père d’Olivier, Pierre, a toujours baigné dans la culture acéricole et il a transmis cette passion à son fils. Tous deux ont toujours eu l’envie de faire l’acquisition d’une érablière, une occasion qui ne s’est jamais présentée. Antoine quant à lui possédait une érablière dans une autre région avec son père, mais c’était trop loin pour concilier les responsabilités à la brasserie et l’engagement que commande l’acériculture.

Lors de l’aménagement du terrain suite à la construction de la brasserie à Stoneham, Olivier et Antoine constatent la présence de quelques entailles au fond du terrain… Il n’en fallait pas plus pour rêver d’y faire les sucres. Les gars ont réussi à augmenter la récolte potentielle en louant des entailles à un acériculteur de Stoneham et voilà que leur sucrerie était sur les rails avec la capacité de produire tout le sirop nécessaire à leur production de bière brassée avec du sirop d’érable.

Aujourd’hui, en plus de permettre aux visiteurs de la Souche d’observer et de découvrir les techniques permettant de produire le délicieux sirop d’érable, la cabane est également devenue un repère pour apprécier le temps qui passe. Car être entrepreneur, c’est accepter que tout se passe rapidement, intensément et dans un esprit de défi constant. Lorsque Olivier va rejoindre son père pour quelques heures autour de la bouilleuse fumante, il n’a que quelques pas à faire de la brasserie. C’est un petit univers dans le paysage de la Souche, un lieu où la nature dicte l’emploi du temps et le rythme du moment. C’est ce genre de petit contact avec soi-même et les gens que l’on apprécie qui fait la vie, qui nous aide à faire face au tumulte du quotidien et lors de ma visite à la
cabane ce printemps, c’est essentiellement ce dont Olivier m’a parlé.

Je connais bien cet effet, ce que procure cette période qui est pour moi à chaque printemps une occasion de ressourcement même si faire les sucres est très exigeant, particulièrement dans les montagnes de Tewkesbury où est située ma sucrerie. Certains vont dans le sud une fois par année pour se retrouver, moi je fais un voyage dans le temps, le temps des sucres. Un temps où le focus est entièrement porté sur l’ambition de ne rien perdre de ce que la nature nous offre : la précieuse eau d’érable. C’est un temps d’observation de la nature, de gratitude, de partage et de retrouvailles. C’est un temps qui est en quelque sorte sacré. Au printemps prochain, si vous voyez des vapeurs sortir de la huche qui trône sur le toit de la sucrerie de la Souche, passez dire bonjour et
saluer Antoine, Olivier ou son père, Pierre, affairé à produire le divin nectar.

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